Créer des environnements de soins durables : l’exemple de DuraBloc
Le secteur de la santé compte parmi les plus polluants. L’enjeu est de taille et a retenu l’attention de l’équipe du projet DuraBloc. Financée par la HES-SO, la recherche rassemble la Haute Ecole de Santé Vaud (HESAV) et de la Haute Ecole d’ingénierie et d’architecture de Fribourg (HEIA-FR) en partenariat avec le CHUV. La Direction des soins a ainsi étroitement participé à l’élaboration du projet, qui a permis de mettre en lumière des leviers importants pour contribuer à développer, à l’avenir, des recommandations et des pratiques durables dans le secteur sanitaire. Kétia Alexandre, Professeure associée à HESAV et requérante principale, répond à nos questions pour présenter ce projet ambitieux.
Pourquoi avoir choisi de travailler sur les blocs opératoires, parmi tous les environnements de travail existant ?
Le bloc opératoire est un environnement de soins critique. La priorité absolue reste sa fonctionnalité et son excellence. Pourtant, c’est aussi lui qui consomme le plus de ressources, notamment énergétiques, et qui produit le plus de déchets. A ces défis s’ajoute le fait que plusieurs professions se partagent le bloc opératoire et y collaborent, avec des cultures distinctes, des besoins différents. Les contraintes organisationnelles et structurelles qui pèsent sur lui sont ainsi importantes.
Comment évaluer la durabilité d’un environnement de soin ?
Nous avons basé notre recherche sur une typologie de facteurs établie par Pinzone et al. (2012). Elle s’est présentée comme idéale pour notre projet interdisciplinaire, parce qu’elle croise justement des analyses de l’architecture et des structures avec une analyse organisationnelle. L’enquête a ainsi consisté à discuter ces facteurs, pour mesurer leur poids dans la performance en matière de durabilité. Cela nous a permis d’en valider la pertinence mais aussi d’affiner leur définition et d’en identifier d’autres.
Quels sont ces facteurs ?
Par exemple, du point de vue architectural et structurel, nous avons évalué la disposition et la fonctionnalité des espaces. Cela concerne aussi bien la manière dont les machines, les équipements et le mobilier sont disposés, la taille et la forme de ces éléments et les relations spatiales entre eux. Du côté des facteurs organisationnels, relevons par exemple la question des structures et rôles, c’est-à-dire l’implication des cadres dans la durabilité et la manière dont les pratiques et actions la favorisant sont communiquées. Ou la question des processus de travail, qui rassemble les préférences, habitudes, prises de décisions, interactions interprofessionnelles.
A ces facteurs, nous avons ajouté une évaluation de la règle des 5R, mise en évidence dans la littérature : réduire, recycler, réutiliser, repenser et faire de la recherche. Et nous avons listé des facteurs supplémentaires, que nous avons appelés « externes ». Les résultats montrent en effet l’impact de la législation sur les pratiques durables, mais aussi l’influence des services externes et collaborations inter-institutions. Par exemple, les relations avec les fournisseurs, la livraison du matériel par des services externes ou la collaboration avec la centrale externe de tri posent plusieurs enjeux en matière de production et de recyclage des déchets.
Quelles sont les pistes d’action pour améliorer la durabilité des blocs opératoires ?
Nous les avons élaborées de manière participative, avec les équipes et des expert·es. Elles concernent la diminution et le tri des déchets, l’amélioration des choix de matériel et des médicaments et l’amélioration des pratiques de nettoyage. Ce dernier point est crucial pour optimiser le temps entre deux opérations et, partant, pour diminuer l’empreinte énergétique de chacune d’entre elles.
Les focus groupes ont également proposé des actions transversales, comme de nommer un·e « champion·ne durabilité » dans les équipes qui puisse garantir un dispositif de durabilité, de développer une stratégie de communication autour de la réduction des déchets et de la consommation d’énergie ou un programme de formation dédié. Ces actions transversales seront développées en priorité, comme un socle pour assurer une amélioration continue des pratiques soignantes durables au sein de l’environnement des blocs opératoires.
Voir la vidéo de présentation réalisée par la HES-SO en cliquant sur ce lien.
Tout savoir sur le projet Durabloc en cliquant ici.