Description
Cette étude consiste à mettre en évidence les effets d'un traitement combiné de thérapie manuelle suivie d'exercices actifs, sur l'amélioration de l'incapacité fonctionnelle de patients lombalgiques chroniques. La littérature propose des exercices actifs pour les lombalgies chroniques. Néanmoins, l'efficacité de leur réalisation est souvent limitée par la douleur ; de plus, les patients entrent progressivement dans un schéma de peur-évitement qui renforce leur déconditionnement. Par ailleurs, la littérature reconnaît un effet antalgique aigu de la thérapie manuelle. On peut donc supposer qu'une thérapie manuelle appliquée avant un travail actif facilite ce dernier, et améliore l'activité des patients sur le long terme. Hypothèse : une thérapie manuelle avant des exercices actifs rompt le schéma de peur-évitement et améliore, par conséquent, les capacités fonctionnelles des patients. Signification: Le monde scientifique s’interroge toujours sur la validité de la thérapie manuelle en physiothérapie, principalement comme modalité thérapeutique pour les patients lombalgiques chroniques. Les physiothérapeutes l’utilisent beaucoup pour traiter leur patient, sans que sa place et ses effets soient déterminés. De plus, ils ne l’associent pas nécessairement à des modalités thérapeutiques plus actives, également importantes pour la récupération du patient. Nous espérons que les résultats de cette étude permettront de préciser l’effet et la place de la thérapie manuelle, comme modalité thérapeutique passive, non médicamenteuse, à but antalgique aigu, pour le traitement des lombalgiques chroniques. Nous croyons qu’en la combinant à des exercices actifs, nous offrons un traitement optimal pour cette pathologie. Cadre scientifique et méthodologie:
Population
40 patients de la région Lausannoise (Suisse), âgés de 20 à 65 ans, souffrant d'une lombalgie chronique sans complications ni co-morbidités, répartis aléatoirement en 2 groupes.
Interventions
9 séances de physiothérapie échelonnées sur 4 à 8 semaines. Pour le groupe « Etude, E » : thérapie manuelle + exercices actifs ; pour le groupe « Témoin, T » : intervention placebo (ultrasons inopérants) + exercices actifs. Evaluations : « L'Echelle visuelle analogique - EVA » de la douleur, le Schöber modifié-modifié, « l'Oswestry Disability Index - ODI - » et le « Fear-Avoidance Beliefs Questionnaire - FABQ - » ont été effectués avant le premier traitement (AV), après les 9 séances (AP) et à 3 mois (3-M AP) après la fin des traitements.
Calculs statistiques
Les patients des 2 groupes ont été regroupés selon leur score initial d'Oswestry : « ODI élevé » (score >15) et « ODI bas » (score ? 15). Une analyse de variance à un facteur (traitement) à mesures répétées (AV, AP et 3-M AP) a été utilisée. Une interaction significative entre le temps et le traitement indiquait un effet du traitement (a = 0.05). Résultats: Le traitement combiné « thérapie manuelle suivie d'exercices actifs » est plus efficace que les exercices actifs isolés chez des patients présentant une incapacité fonctionnelle élevée, ceci jusqu'à 3 mois de la fin des traitements. Le mécanisme, par lequel la thérapie manuelle influence les exercices actifs et l'activité fonctionnelle du patient, ne semble pas dépendre seulement de la douleur ou de la peur du mouvement.