Journée scientifique 2016
Vieillir en institution, vieillesses institutionnalisées: Nouvelles populations, nouveaux lieux, nouvelles pratiques
S’il est admis aujourd’hui que l’on vit mieux et plus longtemps, la vieillesse, comme d’autres étapes de la vie n’est pas homogène, tant les déterminants tels que l’âge, le genre ou encore la classe peuvent se révéler être des catalyseurs d’un mauvais état de santé ou encore de désavantages sociaux. Cette journée d’étude entend rassembler des contributions qui traitent du vieillissement en donnant une place aux pratiques émergentes, aux nouveaux lieux de vie et aux groupes sociaux revendiquant/nécessitant une approche particulière.
Si certains établissements trouvent leur finalité même dans une prise en charge spécialisée, d’autres moins préparés y sont confrontés, parfois malgré eux, et s’y adaptent. Il en est ainsi des structures pour personnes handicapées, des prisons, des couvents, etc. Il importe aussi de saisir comment certaines communautés de fait ou de destin, établies ou provisoires, font avec les vieilles personnes qui les composent, comme les migrants par exemple. Il s’agira également de donner place à ceux qui ne forment pas un collectif en tant que tel, mais qui sont définis collectivement par le non-lieu où ils vivent, comme les SDF, l’âge venant alors s’ajouter aux multiples dommages.
Face à ces constructions sociales de vieillesses hétérogènes, faisons l’hypothèse que les divers agents qui ont en charge les personnes âgées vont être actifs à les définir, les contrôler, les gouverner, les « faire vieillir ». Reflet des politiques gérontologiques des années 80, «l’humanisation» des établissements et des pratiques met «le résident au centre». L’éloignement de la logique asilaire des anciens hospices consisterait moins en une réduction des contraintes qu’en un déplacement vers les normes professionnelles actuelles, comme celles d’autonomie, de partenariat ou encore de projet de vie. Il importe donc de comprendre comment ces pratiques gérontologiques actuelles se traduisent et s’adaptent dans des lieux ou des espaces qui ne s’y prêtent pas ou avec des collectifs qui peuvent plus difficilement s’en emparer.
« Nouvelles populations, nouveaux lieux, nouvelles pratiques », c’est autour de ces thèmes que nous aimerions ouvrir le débat en donnant place aux creux, aux interstices, aux zones floues révélant simultanément des pratiques normatives et informelles à l’égard des vieilles personnes et plus largement à leurs entours, reflets d’une place qui leur est accordée ou assignée.