10e Journée de Psychiatrie
Quand vient la nuit soigne-t-on et travaille-t-on différemment ? Quels apprentissages formateurs ont lieu ? Quel genre de rapports se tissent au cours d’une nuit devenue blanche ?
vendredi 24 mai 2018
HESAV
Beaumont 21
Auditoire F. Wavre
Secrétariat URS
Chaque jour est structuré par la nuit qui le précède. Dans les hôpitaux psychiatriques ou dans les foyers, passant en revue chaque patient, les colloques du matin commencent invariablement par cette question : que s’est-il passé la nuit ? Fut-elle calme ou agitée ? Derrière ce qui s’apparente à des routines institutionnelles se pose une question essentielle : soigne-t-on et travaille-t-on différemment la nuit ? Veiller sur le sommeil des autres et être de piquet sont des pratiques qui méritent d’être confrontées dans leur singularité et dans leur diversité. Faire face aux déambulations des insomniaques, aux interactions qui ne semblent être possibles que dans le silence nocturne, aux transgressions des règlements et aux crises intempestives : quels apprentissages formateurs ont lieu ? Quel genre de rapports se tissent au cours d’une nuit devenue blanche ?
Porter son attention sur la nuit en psychiatrie ne saurait pas se réduire aux multiples « troubles du sommeil » et aux moyens pour les apaiser. C’est aussi rendre compte ce qu’elle charrie comme flot d’émotions et d’événements autant privés que publics : aveux d’esseulement dans les appels d’urgence, états de détresse signalées par des voisins, altercations avec conduite au poste de police, désirs sexuels qui circulent au sein des foyers qui hébergent adolescents, adultes et vieux. Affrontée par certains avec angoisse et inquiétude, l’obscurité de la nuit est éprouvée par d’autres comme la possibilité de se dérober aux regards, aux jugements et aux attentes de rendement présentes dès le réveil. Vivre sans s’exposer à l’œil (inquisiteur) de témoins confère ainsi à l’état de veille nocturne une dimension proprement philosophique.
Plutôt que d’opposer de manière franche la nuit et le jour, nous chercherons à questionner ce que l’expérience nocturne produit comme effets sur le régime diurne. Occasion privilégiée sera alors offerte pour revenir sur les traces laissées sur la vie psychique et sur l’actualité des techniques interprétatives des rêves. Travailler sur le rêve et/ou avec le rêve : quelle place occupe la vie onirique non seulement dans les cures analytiques au long cours mais aussi dans les psychothérapies ? Bien que l’interprétation des rêves relève d’une formation spécifique de longue haleine, il y a lieu de s’interroger sur les usages des rêves dans la clinique en général.
Nous espérons ainsi susciter les échanges entre ceux et celles qui jouent, la nuit tombée, le rôle de sentinelles au sein des institutions et ceux et celles qui, dans leurs cabinets, prêtent leur oreille aux récits des rêves et tentent des lectures.