Nancy Helou : une relève prometteuse

En octobre dernier, Nancy Helou, professeure associée à HESAV, à réussi brillamment sa thèse de doctorat en Sciences Infirmières, à l'IUFRS, sous la direction de Dr. Maya Shaha et la co-direction de Dr. Anne Zanchi. Après un Bachelor en Soins infirmiers, suivi d'un Master en nutrition et diététique, son parcours témoigne de l'évolution des sciences infirmières dans le champ de la recherche en santé.

Comment s’intitule votre thèse de doctorat ?
« L’impact d’un suivi pluridisciplinaire centré sur l’auto-soin et coordonné par une infirmière, sur la qualité de vie, l’auto-soin, l’adhésion à la thérapie médicamenteuse d’hypertension, le contrôle glycémique et la fonction rénale des patients ayant une néphropathie diabétique ».

Pouvez-vous la résumer en quelques mots ?

Nous avons étudié les effets d’un suivi pluridisciplinaire géré par une infirmière de pratique avancée pour les personnes avec une néphropathie diabétique. Pour cela, nous avons appliqué un cadre théorique infirmier, la théorie de l’auto-soin de Dorothéa Orem, dans la pratique. Les patient.e.s ont reçu un suivi pluridisciplinaire en alternance avec le suivi usuel par les médecins uniquement. Notre objectif était de voir si une prise en charge pluridisciplinaire améliorait les résultats de santé des personnes avec une néphropathie diabétique.

Les patient.e.s ont été suivi.e.s par une infirmière de pratique avancée, une infirmière clinicienne en diabétologie, une diététicienne, un médecin et d’autres professionnel.le.s de la santé au besoin. L’infirmière de pratique avancée a assuré la coordination et la continuité des soins. Le suivi infirmier a été assuré dans différents contextes : à domicile, à l’hôpital et également sur leur lieu de travail. Un suivi infirmier à domicile visant le développement de l’auto-soin et le soutien des patients dans le changement de leur style de vie n’avait encore jamais été réalisé en Suisse.
Nous nous sommes concentrés sur le développement de la relation entre le patient et l’infirmière. La visite à domicile n’avait pas pour objectif premier de faire des soins techniques mais davantage d’observer la gestion de la maladie à domicile, dans son contexte quotidien.

En quoi votre recherche est novatrice ?

Au niveau de la méthodologie, nous sommes des pionniers à tester l’application d’un cadre théorique dans la pratique infirmière.
Le suivi pluridisciplinaire est également novateur. Nous avons défini des rôles complémentaires entre l’infirmière de pratique avancée et l’infirmière spécialisée. Nous avons ainsi pu mettre en évidence la complémentarité entre ces deux rôles, au service du patient.

Quels sont les résultats principaux de votre étude ?

Nous avons pu observer qu’un suivi multidisciplinaire coordonné par une infirmière de pratique avancée permettait effectivement d’améliorer la qualité de vie des patients et les activités d’auto-soins, notamment les habitudes alimentaires saines et celles liées au diabète. Nous espérons que les résultats de cette étude auront de véritables répercussions dans la pratique.
En interrogeant les patients, nous avons observé une constante : l’incohérence entre les recommandations médicales et la pratique à domicile. Autrement dit, entre ce que le médecin recommande, ce que le patient réussit à mettre en place une fois chez lui, il y a de grandes différences. Aller au domicile du patient permet de voir comment ils font, les obstacles qu’ils rencontrent. Notre recherche a ainsi permis d’améliorer l’intégration des changements de style de vie imposés par la maladie.

Avez-vous déjà pu amener quelques aspects de cette recherche dans vos enseignements ?

Oui, la méthodologie et les résultats sont déjà partagés avec les étudiants dans le cadre du module à options sur l’éducation thérapeutique.

Et maintenant ?

Dans l’immédiat, j’espère pouvoir publier les thèserésultats tout prochainement. En juillet, je présenterai notre méthode au congrès de l’Académie Européenne des Sciences Infirmières. Puis, en août, je pars à Philadelphie pour une présentation des résultats au congrès international de néphrologie.

Plus largement, nous avons beaucoup de projets, à commencer par une analyse qualitative, des entretiens avec les patient.e.s et les professionnel.le.s impliqué.e.s pour améliorer ce programme ou encore le développement d’une plateforme permettant un suivi en ligne.