La profession infirmière en Suisse romande. Des profils d'une grande diversité

Un sondage effectué par une équipe de sociologues auprès des infirmières et infirmiers de Suisse romande permet de livrer pour la première fois une photographie d'une profession en mutation. Il s'agit d'une recherche FNS conjointe HESAV-UNIL réalisée par Philippe Longchamp (professeur HES ordinaire HESAV), Kevin Toffel (adjoint scientifique HESAV), Felix Bühlmann (professeur associé UNIL) et Amal Tawfik (chercheur FNS senior, UNIL).

Un article de vulgarisation, intitulé "La profession infirmière en Suisse romande. Des profils d'une grande diversité", a également été publié dans la revue de l'ASI au sujet des résultats de leur recherche « L'espace social infirmier en Suisse romande. Topologie d'une profession »

«LA PROFESSION INFIRMIÈRE EN SUISSE ROMANDE, DES PROFILS D’UNE GRANDE DIVERSITÉ»

Un sondage effectué par une équipe de sociologues auprès des infirmières et infirmiers de Suisse romande permet de livrer pour la première fois une photographie de la profession.

Une profession infirmière en mutation

En Suisse romande, la profession infirmière est le théâtre de changements importants liés à la pénurie de soignants, aux réformes du système de santé, à l’académisation des formations et au vieillissement de la population. Dans ce contexte, il est plus que jamais nécessaire de proposer une vision globale de la profession, de ce qui en fait l’unité mais aussi la diversité.

Dans le cadre d’une recherche financée par le Fonds national suisse, une équipe de sociologues de la Haute École de Santé Vaud (HESAV) et de l’Université de Lausanne a distribué un questionnaire auprès d’un échantillon représentatif des infirmières et infirmiers de Suisse romande (n=2923). Les résultats mettent en évidence quatre profils infirmiers qui se distinguent tant par leurs représentations que par leurs pratiques du métier.

Pour en savoir plus sur cette recherche, nous vous invitons à consulter le site

Quatre profils infirmiers

Typique des soins aigus, le premier profil se caractérise par une conception techniciste des soins. Le prestige que retire ce groupe de la position qu’il occupe se paie par un sentiment d’autonomie limité en raison de l’importance des tâches médico-déléguées. Le deuxième profil est caractéristique des secteurs tels que la pédiatrie, la médecine ou la rééducation. Le fait d’occuper des positions moins prestigieuses et de bénéficier d’un niveau de formation moins élevé mène ces infirmiers et infirmières à cumuler les sentiments de faible autonomie et de faible employabilité. Le troisième profil se retrouve avant tout dans les positions de leadership telles que l’enseignement, la recherche et le management. Fortement diplômés, ces infirmières et infirmiers valorisent l’autonomie de la profession, et notamment le rôle de coordination des soins. Enfin, le quatrième profil se retrouve typiquement dans les services extrahospitaliers (EMS, soins à domicile) et la psychiatrie. En se tournant vers des pratiques "hétérodoxes" telles que la médecine alternative ou les approches issues des sciences humaines, ces infirmières et infirmiers valorisent leur autonomie et contestent une prise en charge exclusivement biomédicale des patients.

Les enjeux de la diversité

La connaissance de cette diversité et de ses déterminants est un enjeu à saisir pour la profession. Tout en témoignant des nombreux débouchés de la formation, cette connaissance pointe aussi le risque d’une distance grandissante entre les différents profils, avec la possibilité d’une divergence croissante de leurs intérêts respectifs.