Réduction des lits à l’hôpital, augmentation des pathologies chroniques et de l’âge de la population, pénurie du personnel soignant, maintien à domicile. Autant de transformations des systèmes de santé qui imposent de penser, pour leur durabilité, la collaboration interprofessionnelle. Si elle se profile déjà dans les pratiques, ce n’est pas sans écueil : « Les décisions sont peu partagées et l’information circule très mal, résume Liliana Staffoni, Professeure HES associée à HESAV qui travaille sur ces sujets de longue date. C’est souvent une souffrance pour le personnel soignant. »
Identifier les facteurs de réussite et les dysfonctionnements
Les travaux de HESAV étudient depuis longtemps les pratiques de collaboration entre professions, principalement en milieu clinique. « Nous avons mené des entretiens avec toutes les parties prenantes, enregistré des colloques, observé les pratiques, détaille Liliana Staffoni. Analyser ainsi les processus de collaboration permet d’identifier les facilitateurs et les obstacles à son bon déroulement. »
Ces recherches ont notamment permis d’identifier combien la transition entre l’hôpital et le domicile est un moment crucial dans la mise en place de la continuité des soins. Un projet de HESAV a ainsi récemment reçu un financement du Fonds National Suisse pour déterminer les lignes directrices en matière de soins de transition utilisées dans le système de santé suisse. Un second, financé par le Fonds Interprofessionalité du Collège de Médecine de Premier Recours et par Physioswiss, et en collaboration avec Unisanté s’intéresse à la prise en charge interprofessionnelle dans le cas du maintien à domicile. « C’est l’aboutissement de tout un cycle, de l’hôpital à la communauté, se réjouit Liliana Staffoni. Avec ce regard 360°, les travaux de HESAV peuvent contribuer aux moyens d’aborder les transformations des systèmes de santé. »
Elaborer et promouvoir de bonnes pratiques
Les résultats de ces recherches font l’objet de recommandations. « L’idée, c’est de proposer des bonnes pratiques qui puissent réalistement être appliquées, explique Liliana Staffoni. Ce n’est pas toujours évident, parce que les structures institutionnelles ont leur rigidité hiérarchique. » Elaboration de procédure claire, partage du leadership, reconnaissances des compétences, gestion des conflits comptent parmi la panoplie des solutions implantées sur les différents terrains.
Ces travaux alimentent aussi les enseignements proposés à HESAV. Au sein de la Haute école, les formations ont vocation à créer une culture commune, au-delà des disciplines. « Ce qui nous rassemble, quelle que soit la filière, c’est notre attention centrée sur les patient.es, raconte Liliana Staffoni. Nous transmettons cela en cours, pour accueillir les besoins des patient.es, développer une posture réflexive, promouvoir la santé et la littéracie des publics, ou encore la santé communautaire ». L’apprentissage de la collaboration interprofessionnelle passe aussi par des modules interfilières. Ceux-ci rassemblent toute la communauté étudiante, pour apprendre à travailler ensemble.