Concilier sport d'élite et études

Interview de Kenny Guex, professeur associé dans la filière physiothérapie à HESAV, très engagé dans la promotion de la santé par le sport.

HESAV accueille-t-elle fréquemment des étudiant.e.s sportifs d’élite ? Depuis combien de temps ?

HESAV a toujours accueilli des sportif.ve.s d’élite mais les arrangements étaient informels. Ce programme structuré est relativement jeune, puisqu’il a commencé pour l’année académique 2016-2017 et concerne quelques d’étudiant.e.s chaque année. Il vise à formaliser et contractualiser les aménagements possibles au sein d’un dialogue entre les différentes parties.

Quels sont les aménagements qu’il a fallu mettre en place ?

Le mot-clé de ce type de programme est la flexibilité. Toutes les adaptations sont personnalisées. Elles dépendent surtout du sport dans lequel l’étudiant.e est engagé.e. Notre objectif est de répondre à ses besoins autant que possible. Dans les cas les plus simples, il a seulement besoin de facilités pour participer à des compétitions et des entraînements. Nous devons par exemple déplacer une session d’examens ou quelques modules. Dans les cas les plus intenses, nous réaménageons complètement la formation sur une plus longue durée, qui peut s’allonger jusqu’au double de la formation normale. Un.e étudiant.e de l’Année Propédeutique Santé pourra ainsi suivre la partie cours durant la première année et effectuer ses stages durant la seconde. Ce type d’organisation lui permet de disposer de semaines entières libres qu’il peut dédier au sport. Pour les étudiants Bachelor, il est aussi possible de répartir les modules d’une année sur deux ans.

Quelles sont les conditions pour accéder à ce type d’aménagement ?

La principale condition est le niveau sportif. Pour les sports olympiques, notre critère est que l’étudiant.e ait la carte Swiss Olympic et nous demandons un niveau équivalent pour les autres sports. En second lieu, l’étudiant.e doit avoir la motivation et les capacités pour réussir aussi ses études.

Quel est l’apport pour l’école de ces étudiant.e.s hautement motivé.e.s ?

L’école y gagne en visibilité, grâce à l’image positive véhiculée par le sport de haut niveau. Surtout, HESAV s’est résolument engagée dans la promotion de la santé par le biais de l’activité physique. Nous avons développé de nombreux projets dans ce sens. Il est prouvé que les professionnel.le.s de santé qui pratiquent un sport ou qui ont été formés à l’activité physique en feront davantage la promotion par la suite.

L’étudiant.e qui concilie études académiques et sport d’élite court-il/elle davantage le risque d’un échec ?

Notre premier but, en acceptant un sportif.ve d’élite, est de l’accompagner dans son objectif de réussite à la fois sportive et académique. La difficulté, c’est que la performance demande une période de concentration totale sur un seul sujet. Ainsi, il y a un travail d’équilibrage à faire entre les exigences du sport et celles des études. Nous le-la suivons au mieux et réévaluons au minimum à la fin de chaque année ses niveaux dans les deux domaines.

Interview d'Alain Hervé Mfomkpa, étudiant en Année Propédeutique Santé (APS) depuis 2016, qui vise une formation de physiothérapeute.

Quel sport pratiquez-vous ?

Je pratique l’athlétisme depuis 15 ans et suis maintenant spécialisé sur 400m haies. Je concours au niveau international depuis 2014, d’abord sur 110m haies, puis sur 400m haies depuis 2016.

Quelles sont vos contraintes en matière d’organisation du temps? Avez-vous dû consentir à des sacrifices dans l’un ou l’autre domaine ?

La plus grosse contrainte rencontrée est la prolongation de mon temps de formation (au total 8 ans au lieu de 4, si tout se passe bien). J’ai dû sacrifier mon temps de formation pour placer mon sport au premier rang. A part cela, c’est aussi le temps passé auprès de ma famille et mes amis qui est sacrifié.

Le sport d’élite est-il compatible avec des études académiques ?

Si l’établissement le permet et le facilite, cela est compatible. Sinon, il est vrai que ça devient compliqué.

Y a-t-il un risque d’échec plus important dans les deux domaines ?

Oui, le risque d’échec est plus grand mais tout est une question d’organisation. Du point de vue sportif, je mise tout sur un objectif : les Jeux Olympiques de Tokyo en 2020. Du coup, si un échec était à craindre en ce qui me concerne, ce serait surtout au niveau scolaire.

Comment se passe l’intégration avec les autres étudiant.e.s ?

L’intégration est assez facile. Mais il est vrai que pendant que les autres étudiant.e.s vont continuer leur parcours, je « resterai au même stade » et devrai m’intégrer à une nouvelle équipe. Heureusement, il est assez facile de s’intégrer. Mes camarades actuels s’intéressent beaucoup à mon parcours et à mes différentes péripéties. Ça me fait me sentir à l’aise avec eux. Nous avons aussi beaucoup d’intérêts communs.