Cycle de conférences : le modèle « biopsychosocial » au service d’une réflexion sur la démocratie sanitaire

Penser la part sociale du soin et la manière dont nos choix politiques et sociaux déterminent l’état de santé des populations : c’est autour de ces enjeux que des professionnel.le.s et chercheur.euse.s de HESAV, d’Unisanté et du CHUV organisent un cycle de conférences. Ce groupe interdisciplinaire se réunit de manière informelle depuis 2018 autour de la thématique du modèle « biopsychosocial » pour contribuer au décloisonnement des questions relatives à la santé et au soin.

Les propos de Rudolf Virchow n’ont jamais été plus actuels : la médecine est une science sociale et la médecine est une politique à grande échelle. Les problématiques soulevées par la santé environnementale et les sciences postgénomiques, le creusement des inégalités de santé et de prise en soin des patients ou encore la saturation des institutions de soins et la pénurie des soignant.e.s nous imposent de réévaluer nos systèmes de santé et nos programmes de santé publique, voire à repenser les fondements de la démocratie sanitaire.

Il nous faut ainsi non seulement penser la part sociale du soin, mais aussi travailler à mieux cerner la manière dont nos choix politiques et sociaux déterminent l’état de santé des populations – à l’échelle locale comme à l’échelle globale. Le déploiement effectif d’une telle perspective sur la maladie et les soins continue de se heurter à des modes de raisonnement et pratiques prisonniers d’approches disciplinaires et professionnelles réduisant concrètement – volontairement ou non – la maladie à sa dimension biophysiologique. Le dépassement de ces clivages est un défi toujours renouvelé, appelant les professionnel.le.s et les chercheur.euse.s à confronter de manière répétée leurs regards pour mieux en discerner les limites et angles morts.

C’est l’objectif que se donne ce cycle de conférences. Il accueillera des contributions mettant de diverses manières en jeu la prise en considération des aspects psychologiques, sociaux, culturels et politiques de la maladie et des soins, les difficultés que rencontre l’inclusion de ces facteurs et les questions qu’elle soulève. Au‑delà de leur intérêt scientifique, l’enjeu de ces rencontres est de créer des liens et synergies entre personnes de disciplines, professions et institutions diverses soucieuses à un titre ou à un autre de promouvoir une perspective plus inclusive et critique sur nos systèmes de santé.

Les conférences

Ce cycle de conférences est organisé par Mathieu Arminjon (philosophe et historien, HESAV), Carole Clair (médecin, Unisanté), Charlotte Gilart de Keranflec’h (philosophe et infirmière, HESAV), Régis Marion‑Veyron (psychiatre, Unisanté), Sandrine Maulini (historienne, HESAV), Pierre‑Nicolas Oberhauser (sociologue, HESAV), Javier Sanchis Zozaya (psychiatre, CHUV), Joëlle Schwarz (sociologue & épidémiologiste, Unisanté), Konstantinos Tzartzas (psychiatre, Unisanté) et Orest Weber (sociolinguiste, CHUV)

2 octobre 2023
Vernissage de l’ouvrage collectif Inégalités de santé. Fondements historiques et enjeux contemporains de l’épidémiologie sociale (dir. Mathieu Arminjon avec la collab. de Sandrine Maulini, 2023, éd. Georg)
17h00-18h45, auditoire Françoise Wavre, HESAV
Lien vers le détail de l'événement

Mathieu Arminjon (HESAV), Vincent Barras (IHM, Université de Lausanne), Cyrille Delpierre (INSERM, Université Toulouse III) [à distance], Jean-Claude Dupont (Université de Picardie Jules Verne), Élodie Giroux (Université Lyon 3), Nancy Krieger (Harvard T. H. Chan School of Public Health) [à distance], Philippe Longchamp (HESAV), Kevin Morisod (Unisanté), et Joëlle Schwarz (Unisanté)

Quelles sont les raisons de la méconnaissance des travaux sur les inégalités sociales de santé ? Comment l’épidémiologie sociale, discipline à la frontière des sciences biomédicales et des sciences humaines et sociales, reconfigure-t-elle nos représentations du corps, des rapports sociaux, de genre, des causes de maladies ? L’ouvrage dont nous organisons le vernissage propose une introduction aux fondements historiques et épistémologiques de cette discipline et, ce faisant, apporte une vue synoptique des principales questions et problématiques que soulève la mesure des inégalités sociales de santé. Il est disponible en libre accès via ce lien.

26 janvier 2024
Habiter l’urbain, écologiser la santé mentale
12h-14h, auditoire Auguste Tissot, Unisanté

Dag Söderström (psychiatre, UNIL) & Ola Söderström (géographe, UNINE)

Dag Söderström et Ola Söderström proposeront avec cette intervention une conversation interdisciplinaire entre sciences sociales et psychiatrie fondée sur leurs recherches communes portant sur l’écologie urbaine de la santé mentale. La question qu’ils analyseront est celle du rôle des dimensions affectives, sociales et matérielles des espaces urbains à la fois dans le développement et dans les trajectoires de rétablissement de la psychose. Ils discuteront sur cette base des processus par lesquels l’espace urbain peut favoriser la santé mentale.

14 mars 2024
Réparer les cerveaux. Sociologie des inégalités sociales de santé dans les récupérations post-AVC
16h-17h45, Auditoire de la Maternité - CHUV 

Muriel Darmon (sociologue, CNRS-EHESS)

Muriel Darmon reviendra durant cette conférence sur son livre Réparer les cerveaux.Sociologie des inégalités sociales de santé dans les récupérations post-AVC, publié en 2021 à La Découverte, présentant les résultats d’une enquête approfondie menée dans le service de neurologie d’un hôpital universitaire et auprès des différents corps de spécialistes de centres de rééducation en France. Elle analyse en particulier dans cet ouvrage les facteurs de genre et de classe intervenant dans les récupérations post-AVC : « À âge égal et à gravité équivalente des lésions cérébrales, les séquelles ne seront pas les mêmes si le patient est un homme ou une femme, un ouvrier ou un cadre supérieur, si la récupération de ses capacités a une grande ou une moindre valeur aux yeux des acteurs de la rééducation, si l’AVC a laissé intact chez lui un rapport aisé ou difficile aux modalités scolaires d’apprentissage. »