Présentation des résultats de l’enquête IMAgiNE EURO
Démarrée à l’aube de la pandémie de Covid-19, cette enquête coordonnée par l’OMS a mobilisé 18 pays dans le but d’évaluer le niveau de préparation, la résilience et la qualité des services de maternité et de néonatalogie. Sur la base des résultats, le Parlement Européen pourrait décider de faire évoluer sa législation, en particulier dans le domaine des politiques de santé périnatale, maternelles et fœtales.
La Suisse mobilisée pour améliorer la qualité des soins maternels et néonatals
Depuis le 1er juillet 2021, HESAV représente la Suisse dans la récolte des données nationales pour IMAgiNE EURO. Trois chercheuses, Claire de Labrusse, Professeure associée et doyenne de la filière Sage-femme, Alessia Abderhalden, adjointe scientifique de la filière Sage-femme, et Anouck Pfund, collaboratrice Ra&D, assurent la gestion du projet ainsi que la récolte des données dans les régions francophones et italophones de la Suisse. Depuis l’automne 2021, une équipe de recherche de l’Université des sciences appliquées de Zurich (ZHAW) composée du Dr Michael Gemperle, sociologue, de la Dre Suzanne Grylka et d’Antonia Müller, toutes deux sages-femmes, soutiennent également ce projet et participent à la récolte des données dans la région germanophone de la Suisse .
Au total, 50’000 questionnaires ont ainsi été complétés dans toute l’Europe.
Disponibles en 24 langues, les questionnaires portaient sur l’expérience des femmes ayant accouché durant la pandémie mais également sur celle des professionnel.le.s de santé directement impliqué.e.s dans les soins maternels et/ou néonatals.
L’OMS tire la sonnette d’alarme
Durant sa présentation du 4 avril, le centre de l’OMS à Trieste a mis en lumière de nombreux enjeux en lien avec les conditions de prise en charge de l’accouchement et de la naissance en Suisse et en Europe.
Les résultats font état d’une dégradation de la qualité des soins perçue par les femmes dans la majorité des pays en raison de la pandémie de Covid-19. Certaines populations de femmes, en fonction de leurs caractéristiques socio-démographiques et du mode d’accouchement, semblent par ailleurs avoir rencontré davantage de difficultés que les autres.
Selon les résultats publiés dans The Lancet Regional Health-Europe, tous les systèmes de santé des pays participant présentent des lacunes importantes dans la qualité des soins maternels et néonataux apportés pendant la crise sanitaire. Par exemple, 42.2% des femmes estiment qu’on ne leur a pas demandé le consentement avant un examen vaginal. En parallèle, 12.5% en moyenne disent avoir souffert d'abus (physique, verbal, émotionnel).
Des différences entre les pays ont également été observées. Par exemple, la Serbie affiche pour presque tous les indicateurs le score le plus négatif, alors que le Luxembourg, et la Suède se classent très souvent dans les meilleurs scores.
Un défi de taille émerge donc à l’échelle européenne : améliorer la prise en charge des personnes les plus vulnérables et œuvrer pour une meilleure équité dans les soins aux mères et aux nouveaux-nés.
Prochaines étapes
Les données recueillies grâce à l’enquête IMAgiNE vont permettre aux institutions des pays partenaires de produire des études sur une série de thématiques spécifiques, telles que la médicalisation des naissances, l’évolution du nombre de césarienne ou encore les différences de prise en charge entre institutions publiques et privées, pour ne citer que quelques exemples.
Pour les résultats en Suisse, une publication nationale paraitra en septembre dans la revue International Journal of Gynecology & Obstetrics, et présentera une comparaison de la qualité de soins en fonction des trois principales régions linguistiques et selon le mode d’accouchement.