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Médecines complémentaires en psychiatrie : quelles pratiques et quelle intégration dans les soins ?

Les médecines complémentaires et intégratives (MIC) sont de plus en plus utilisées pour enrichir les soins en psychiatrie. Les patient.es sont en demande, et elles facilitent et renforcent la relation entre soignant.e et patient.e. Au sein de HESAV, une recherche financée par le Fonds national suisse (FNS) documente ces pratiques et leur développement au sein des hôpitaux psychiatriques.

De nombreuses études scientifiques démontrent les effets favorables des médecines complémentaires et intégratives (MIC). Réduction du stress, de l'anxiété, amélioration de la qualité du sommeil et de la gestion de la douleur sont parmi les bénéfices bien documentés. En Suisse, la population utilise souvent ces approches. Elles suscitent également un intérêt marqué chez les professionnel.les de la santé. Au-delà de leur impact concrète sur les symptômes, elles font de la relation humaine une dimension centrale dans les soins.

Documenter les approches en vigueur

En psychiatrie, où les limites des traitements médicamenteux sont bien connues, les approches MIC enrichissent l’offre en soin. L’enquête a concerné près de 4’000 professionnel.les de santé dans les hôpitaux psychiatriques de Suisse romande. Elle relève ainsi un fort intérêt pour ces pratiques, expliquant que de plus en plus d'hôpitaux romands les intègrent. Cependant, comme l'explique Corinne Schaub, Professeure associée à HESAV, « elles ne sont pas intégrées partout de la même manière. Ces disparités significatives d'une institution à l'autre peuvent représenter un risque de rupture dans la continuité des soins si les patient.es changent de service ou d’institution ».

Le projet qu’elle dirige au sein de HESAV, en collaboration avec le CHUV et financé par le Fonds national suisse, vise à documenter ces pratiques et ce qui influence l'intention des professionnel.les à les intégrer dans leur pratique clinique. Parmi les facteurs principaux, on compte le soutien de la hiérarchie, les expériences pratiques et positives des collègues, le fait de se sentir à l’aise avec leur usage et le sentiment que cela fait partie de leur rôle professionnel. « Le contexte socioéconomique, légal et politique, les cultures et histoires institutionnelles, mais aussi les dynamiques interprofessionnelles et interdisciplinaires sont également autant de freins ou de facilitateurs à l’intégration des médecines complémentaires au sein des institutions », souligne Corinne Schaub.

Faire connaître pour travailler ensemble

Ces résultats plaident en faveur d'une meilleure connaissance et d’une meilleure visibilité des pratiques des MIC en vigueur dans les services et d'un partage accru des expériences, des connaissances et des compétences à leur sujet. « Nos recherches permettent un dialogue sur la question, se félicite Corinne Schaub. Ainsi, les institutions ou les professionnel.les qui souhaitent intégrer les MIC dans leurs pratiques ont des exemples pour le faire ». Faire connaître ces approches facilite également la collaboration entre professions, entre services et même entre institutions, quelles que soient les cultures internes.

Dans la même dynamique de partage, un CAS (Certificate of Advanced Studies) existe sur la thématique, ouvert cette année à HESAV. Cette formation s'adresse aux professionnel.les de la santé et du travail social. Elle enseigne un panorama des approches fréquemment utilisées en MIC (pertinence, avantages, risques et limites) pour permettre aux participant.es de jouer un rôle central d’information et de conseil au sein des équipes et des institutions.