Une journée de formation consacrée au traumatisme cranio-cérébral à HESAV
Un traumatisme cranio-cérébral (TCC) est une lésion de la tête qui survient à la suite d’un choc, d’une lésion pénétrante ou d’une accélération/décélération. Il peut aboutir à un handicap à la fois visible (troubles moteurs, sensoriels, du langage) et invisible (troubles amnésiques et du comportement). La prise en charge du TCC est complexe et requiert une étroite collaboration entre les professionnel.le.s de la santé de différentes disciplines.
Durant cette journée, plusieurs personnes confrontées à un traumatisme cranio-cérébral en tant que victime ou proche de victime, ont livré des témoignages poignants pour sensibiliser les étudiant.e.s au TCC et à ses conséquences.
Le rôle des soignant.e.s et thérapeutes dans l’accompagnement des proches
Interview de Josiane Parisod, membre de FRAGILE Vaud
Quel a été votre rôle dans cette journée ?
Je suis venue en tant que membre de FRAGILE Vaud, et aussi en tant que proche, afin de livrer un témoignage sur mon expérience familiale. Mon but était d’expliquer aux étudiantes et aux étudiants ce que vivre avec une personne traumatisée veut dire, notre fils ayant eu un accident il y a quelques années.
En 2004 quand ce drame est arrivé, nous ne savions que peu de chose sur le TCC, uniquement que la personne n’est plus la même. Un processus d’acceptation, de compréhension est nécessaire pour les proches aidant.e.s. Il est important d’être accompagné.e par des professionnel.le.s qui connaissent et savent comment prendre en charge les personnes qui en sont atteintes.
Qu’apporte selon vous l’organisation d’un tel événement ?
En tant que représentante de FRAGILE Vaud, il me parait fondamental de parler du TCC et de ses conséquences aux futur.e.s professionnel.le.s de santé.
Tout d’abord, parce qu’il peut y avoir parfois de mauvaises compréhensions des comportements des personnes cérébrolésées : si la personne est épuisée ou agit de manière inattendue ou inappropriée, il faut prendre conscience que ce n’est pas sa faute mais bien une conséquence du traumatisme. Par exemple, surtout les premières années, lors des trajets en bus, il est arrivé que notre fils bouscule des passager.ère.s devant lui pour pouvoir sortir.
Le changement émotionnel et du rôle social doit être bien compris par celles et ceux qui entourent la personne traumatisée. Dans le cadre de la famille, il faudra prendre le temps d’expliquer aux enfants par exemple : pourquoi son parent ne supporte pas le bruit, n’a plus les mêmes attitudes, ne peut plus faire comme avant.
Quel message souhaiteriez-vous que les étudiant.e.s retiennent ?
Sensibiliser le personnel médico-soignant au TCC pour pouvoir adopter un comportement adéquat envers les personnes : par exemple, éviter d’être agacé.e ou de formuler des reproches si une personne n’agit pas conformément aux directives données ; ne pas être dans le jugement ou dans l’interprétation vis-à-vis de certains comportements que même la personne ne peut pas ou plus expliquer ; prendre en charge la famille, etc.
Après l’accident de notre fils, de nombreux examens ont été réalisés. À l’hôpital, malgré les colloques avec les professionnels où nous recevions beaucoup d’informations, nous sentions le besoin d’être beaucoup plus en contact avec le personnel médical, ce qui n’était pas évident. Des problèmes peuvent apparaître si les proches ne sont pas accompagnés lors du retour au domicile, sachant que cela implique de profonds bouleversements non seulement sur la vie de la victime, mais aussi sur celle de ses proches.
En résumé : pour accompagner, il faut être bien informé.e et aussi s’informer. Il est possible de bien saisir les contours du TCC avec le soutien des professionnel.le.s , par le biais d’écrits qui expliquent les problématiques et les conséquences liées.
Interview de Christelina Naharisoa, étudiante en Soins infirmiers à HESAV
Est-ce que cette journée de formation vous a plu ?
Oui beaucoup ! Et particulièrement les témoignages des personnes qui ont vécu le TCC, soit en tant que victime soit en tant que proche. C’est l’une des premières fois que l’on écoute des patient.e.s partager leur propre expérience, parfois avec beaucoup d’émotion.
Nous avions suivi une première journée de formation plus théorique sur le TCC en avril, mais le programme d’aujourd’hui a rendu les enseignements beaucoup plus concrets.
Qu’est-ce qui vous a particulièrement marqué ?
Il y a eu l’intervention d’une épouse et une maman de personne traumatisée : on voit que le seul fait d’en parler a réveillé des souvenirs encore très vifs chez ces personnes, ce qui est complètement normal. Cela nous touche, et nous permet aussi de percevoir leur réalité.
Je pense qu’il est bien de donner de l’importance au TCC, et que cette journée, rythmée par des échanges avec les collègues des autres filières au cours des travaux de groupe, va nous rester.
Qu’en avez-vous retiré ?
Dans ma posture de future professionnelle, c’est l’intégration des proches que je retiens le plus car c’est quelque chose qui est revenu souvent. Lorsqu’une personne de 18 ans a parlé de son accident, elle a mentionné que l’équipe soignante voulait contacter ses parents alors qu’elle ne le souhaitait pas. Cela soulève aussi toute la question du consentement des patient.e.s cérébrolésé.e.s.
Par ailleurs, on sent que les proches portent aussi un fardeau, puisque c’est eux qui sont au front lors du retour à domicile. Le fait de prendre en compte leurs besoins, par exemple au travers de suivis psychologiques, est donc essentiel. En plus d'un accompagnement psychologique, les proches devraient également bénéficier de soutien au niveau des activités de la vie quotidienne pour qu'ils puissent avoir du temps pour prendre soin d'eux-mêmes.
FRAGILE Vaud existe depuis 1992 et soutient les personnes cérébrolésées et leurs proches de la région vaudoise et fribourgeoise. Elle offre comme prestations des groupes de paroles, des soirées thématiques, des cours, des moments de convivialité et des activités de loisirs.