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Mobiliser des patient·es formateur·ices : savoirs expérientiels et innovations pédagogiques

Parmi les dispositifs de formation en santé, plusieurs engagent les patient·es, de différentes manières, pour les amener à partager leurs expériences de la maladie et du système de soins. Dans le cadre de son doctorat, Félicia Bielser étudie ces configurations pour développer des innovations pédagogiques.

La relève à HESAV s’illustre par des projets engagés. Celui de Félicia Bielser ne fait pas exception. L’analyse qu’elle propose des dispositifs de formation réalisés par et avec les patient·es veut mieux comprendre comment leurs savoirs sont mobilisés et participent à l’apprentissage des étudiant·es. Autant de résultats sur lesquels appuyer de futures innovations pédagogiques, qui feraient la part belle à la complémentarité des savoirs en santé et développeraient de nouveaux comportements, plus adéquats, de la part des soignant·es.

« L’ambition, en effet, est de former les futur·es professionnel·les de santé à partir des savoirs et des expertises des patient·es pour qu’ils et elles puissent mieux les reconnaître dans leur future pratique professionnelle », explique Félicia Bielser. Ces savoirs, dit expérientiels, se trouvent souvent déconsidérés. « C’est pourtant à partir du vécu des patient·es, corporel et émotionnel, qu’ils sont élaborés ». L’enjeu relève aussi des droits des patient·es. Il s'agit en effet de prendre en compte leur parole, leur décision et leur capacité en la matière. C’est tout cela que la doctorante adresse dans ses travaux de thèse.

Plusieurs nuances de patient·es formateur·ices

Engager les patient·es dans la formation des professions de la santé peut se faire de différentes manières. « Par exemple, nous avons impliqué des patient·es pour définir les objectifs de certains modules, raconte Félicia Bielser. L’idée, ce faisant, est de ne pas s’enfermer dans la seule perception du corps enseignant. Au lieu de présumer des besoins des patient·es, c’est elles et eux qui les ont formulés, à partir de leur vécu. »

D’autres configurations mettent directement les patient·es en lien avec la communauté étudiante. Les patient·es instructeur·ices interviennent pendant des cours de pratique clinique. Ils et elles donnent des feedbacks sur les traitements, examens et procédures réalisées pendant l’exercice, en s’appuyant sur leurs connaissances de ces-derniers et leurs ressentis.

« Les patient·es mentor·es, pour leur part, viennent partager les connaissances qu’ils et elles ont acquises à travers la vie avec une maladie chronique, complète Félicia Bielser. Ces récits représentent autant d’occasions de reconnaître les connaissances complémentaires des patient·es sur la maladie et d’opportunités de réflexivité sur les présupposés des étudiant·es ».

Une enquête sur les contributions des patient·es à la formation

C’est ce dernier groupe, en particulier, qui retient l’attention de Félicia Bielser dans le cadre de son doctorat. Elle s’intéresse notamment aux registres épistémiques mobilisés dans le cadre de ce dispositif : comment se joue la transmission de savoirs ? De quelle nature sont ces derniers ? Et comment sont-ils appréhendés par les étudiant·es ? « A HESAV, nous avons mis sur pied un programme pédagogique de ce type dans la filière physiothérapie, détaille Félicia Bielser. Pour l’évaluer, nous enquêtons notamment sur la perception que les étudiant·es ont eu du dispositif, sur les apprentissages et les réflexions qu’ils et elles ont réalisés à cette occasion ». Son acceptabilité tient également à l’authenticité que ces personnes apportent à la situation d’apprentissage. Un gain qui contribue à la dimension immersive du module.