Portrait de Léo Pomar, passionné par l'imagerie foetale et les virus
Lorsque le Prof. Léo Pomar, sage-femme échographiste, consulte au CHUV, deux jours par semaine, ses journées sont généralement bien remplies. Ses compétences hautement spécialisées en neurologie fœtale et maladies infectieuses sont en effet fortement demandées. Léo ne perd pas de temps non plus dans sa carrière académique. Professeur associé à HESAV depuis 2021, il vient d'obtenir un financement FNS pour son projet sur l'impact de l'infection au cytomégalovirus sur le vécu des femmes enceintes et est l'auteur de nombreuses publications reconnues. Co-signé avec Claire de Labrusse et des membres du CHUV, son article sur l'effet négatif du confinement sur la natalité avait fait le tour des médias internationaux.
Originaire de France, Léo a fait ses études de sage-femme en Lorraine avant de poursuivre avec un master en physiopathologie fœtale. Il rejoint Lausanne en 2017 pour effectuer un doctorat en Sciences de la vie à l'Unil, qu'il obtient en 2020. " Lorsque, adolescent, j'ai vu les images de l'échographie de ma petite sœur, j'ai su que c'est que je voulais faire. J'ai toujours trouvé fascinant de voir le fœtus se développer ". C'est donc naturellement qu'il se spécialise en échographie et plus particulièrement en neurologie fœtale, activité qu'il pratique dans une consultation multidisciplinaire au CHUV.
La profession de sage-femme est très genrée mais cela n'a pas dissuadé Léo d'emprunter cette voie. " Je n'ai pas eu de remarques de ma famille. Il faut dire qu'en France le métier est ouvert aux hommes depuis longtemps. La Suisse peut-être est plus conservatrice sur les métiers genrés" . Faudrait-il plus d'hommes sages-femmes ?
" Oui, la mixité est toujours positive pour la dynamique d'équipe. Cela dit, certaines mères, notamment pour des raisons religieuses, souhaitent être accompagnées par des femmes. Faut-il imposer un homme ou respecter ce choix ? Je n'ai pas de réponse toute faite, mais en pratique le respect des valeurs et préférences des femmes permet souvent de nouer une relation de confiance qui permet de surmonter les aprioris de genre ".
Confrontation au Zika en Guyane
Durant son séjour en Guyane, où il exerce comme responsable du diagnostic prénatal au Centre hospitalier de l'Ouest guyanais, Léo est confronté à l'émergence de l'épidémie du virus Zika dès 2016, ce qui l'amène à s'intéresser aux maladies infectieuses. " On avait très peu de connaissance sur cette maladie. C'est ce qui m'a motivé à faire une thèse sur le sujet " . Son parcours académique est ainsi étroitement lié à ses activités cliniques et il n'y voit que des avantages. "Ma pratique est à jour avec l'état de la recherche, ce qui est particulièrement important dans un hôpital universitaire. Inversement, mon activité clinique nourrit mes questions de recherche et me permet de récolter des données. C'est une plus-value pour l'enseignement aussi. J'amène par exemple en cours des cas complexes rencontrés sur le terrain ". Léo est d'ailleurs fier de partager son savoir avec les futur.es sages-femmes. " La formation à HESAV est de haut niveau, les expertises des enseignant.es-chercheur.es de la filière sont très complémentaires et couvrent toute l'étendue des compétences de la profession ".
Crédit photo : CHUV 2023 – Christophe Chammartin / chammartin.net